Le crime organisé, grand gagnant de la crise

Les experts de la table ronde L'économie illégale, le revers de la mondialisation ont démontré à quel point la crise est une aubaine pour le crime organisé.

Le crime organisé s’est infiltré dans le monde financier et irrigue les marchés de liquidités illégales. L’ONU a estimé à 580 milliards de dollars (462 milliards d’euros) le montant du blanchiment d’argent en 2009 issu du commerce illégal sous toute ses formes. Xavier Raufer, directeur des études du Département de recherche sur les menaces criminelles contemporaines et Chantal Cutajar, directrice du Groupe de recherches actions sur la criminalité organisée (GRASCO) et enseignant-chercheur Université de Strasbourg, s’accordent pour dire que cette infiltration de l’économie illégale dans l’économie légale pose plusieurs problèmes sérieux et mettent en danger les démocraties ainsi que la souveraineté des États. Chantal Cutajar cite à plusieurs reprises Pietro Grasso, procureur de la direction italienne antimafia : « La crise rend les groupes criminels encore plus puissants, car ils ont de l’argent liquide, de l’argent frais et disponible, et pas seulement en Europe, mais dans d’autres pays où les économies sont fragiles et où ils influencent les politiques. »

Les mafias ont profité de la crise pour se faire une place au cœur de la finance mondiale. Elles n'ont pas été à la base du déclenchement de la crise monétaire mondiale, mais ont bien compris tout l'intérêt qu'elles pouvaient en tirer. Leur souci principal a toujours été de blanchir l'argent issu de leurs activités illégales : trafics de drogue, d'êtres humains et d'organes, racket, etc. Les sommes d'argent accumulées sont exceptionnelles. L’OCDE fait une estimation grossière en plaçant entre 600 milliards à 1.800 milliards de dollars par an les richesses produites par le commerce souterrain.

Mais comment pouvoir réutiliser de l’argent qui légalement n’existe pas ? Il doit passer le plus discrètement possible dans l'économie légale. Une des solutions est, selon les intervenants de la table ronde, d’investir dans des banques que la crise rend moins regardantes sur l’origine des fonds proposés. Ce constat est aussi celui d’Antonio Maria Costa (l’ancien directeur de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime), que la directrice du GRASCO cite. En 2008, en pleine crise financière, il avait déclaré que « l’argent des trafiquants de drogue injecté dans le système financier avait sauvé les banques de la crise financière ».

D’après Chantal Cutajar, il est d’autant plus impossible de séparer le bon grain de l'ivraie qu’avec la crise, on constate une aggravation du phénomène. Un rapport d’Europol démontre comment le crime organisé profite de la crise. Les mafias se sont rapidement adaptées. Avec les liquidités, elles opèrent des investissements en bourse, dans l’immobilier et rachètent des entreprises en difficulté. Ces acquisitions d’entreprises leur permettent de se doter de sociétés-écrans qui vont faciliter l’organisation du blanchiment d’argent tout en créant une richesse légale.

Pour aller plus loin consulter l'article :  Comment blanchir 9 millions de dollars en trois mois !

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