La stratégie à adopter pour relancer la politique industrielle française

Sans surprise, les débatteurs ont appelé le gouvernement à prendre ses responsabilités pour stimuler la politique industrielle française. Et de manière urgente. La principale mesure préconisée est connue : innover pour redonner de la compétitivité aux entreprises.

« Est-ce grave docteur ? » faisait semblant de s’interroger Pierre-Noël Giraud, professeur d’économie aux Mines de Paris, paraphrasant presque Bugs Bunny. Oui la situation est préoccupante répondaient en chœur les intervenants. Et d’ajouter : « Pourquoi n’y a-t-il pas plus de créations d’entreprise à taille européenne comme Arianespace ou Airbus de nos jours ? » Pour lui, la réponse tombe sous le sens : « La France est naïve dans cette histoire face à la Chine et aux Etats-Unis qui sont plus attentifs à la santé économique de leurs grandes firmes avec de véritables politiques industrielles. » Les participants pointent les déséquilibres de richesse criants entre Europe du Nord et du Sud qui déséquilibrent l’industrie du continent. « Le Danemark est huit fois plus riche que la Bulgarie », explique le professeur d’économie des Mines de Paris.

L’objectif : « constituer des entreprises de toutes tailles performantes à l’exportation »

La politique industrielle ne doit pas être considérée comme visant uniquement l’industrie mais plus globalement par les actions qu’entreprennent les gouvernants pour favoriser l’entreprise. Mais qu’entendent ces économistes par politique industrielle au juste ? C’est le fait de « constituer des entreprises de toutes tailles qui sont performantes à l’exportation », précise Bernard Esambert, ancien président du Centre français du commerce extérieur. La stratégie à entreprendre en France est de permettre à des petites PME de se regrouper en ETI pour rattraper le retard vis-à-vis de l’Allemagne qui en compte deux fois plus.

« L’industrie, il faut l’aimer et la caresser dans le sens du poil »

Le directeur général adjoint du groupe SEB, Jean-Pierre Lac puise dans son expérience pour conseiller aux entreprises françaises « d’innover pour ne pas être victime des chocs dûs à une trop forte compétitivité des coûts. SEB l’a d’ailleurs fait grâce à la friteuse sans huile qui permet de prendre de l’avance face à ses concurrents qui innovent moins. Cela lui permet de continuer à produire 35% de ses marchandises en France ». L’innovation peut donc être l’outil pour faire face à un coût du travail plus élevé que ses voisins européens tels l’Allemagne et l’Espagne au premier chef. En somme, Bernard Esambert pense que pour relancer l’industrie « il faut l’aimer et la caresser dans le sens du poil ». Un peu de lyrisme dans ce monde de chiffres.

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