Restaurer la confiance : oui, mais comment ?

L’économie française est-elle malade de ses institutions ? C’était la question posée à six experts, chercheurs ou chefs d’entreprise hier soir aux Jéco. Au final, un constat : de multiples causes expliquent les blocages actuels de notre économie. Pas seulement les institutions.

La confiance. Le mot se retrouve sur toutes les lèvres, bien plus que les institutions. Yann Algan, professeur d’économie à Sciences Po, a d’ailleurs entamé la conférence par ce point. « Le manque de confiance provoque un blocage en France. Ce n’est pas tant un problème d’innovation ou d’institution, mais bien de défiance ! », s’est-il exclamé, estimant que l’angoisse des Français et leur « consommation forte d’anxiolytiques » en découlaient probablement, au moins en partie.

Le manque de confiance représente également un enjeu essentiel aux yeux de Philippe Aghion, professeur de sciences économiques à Harvard. « Cet aspect est essentiel pour stimuler l’innovation. Si l’on n’a pas de confiance, on est obligé d’avoir recours à une règlementation excessive, ce qui ne va pas dans le sens de la dynamisation du marché, comme en Scandinavie par exemple », souligne-t-il avec entrain, recueillant de longs applaudissements d’une salle pleine à craquer malgré l’heure tardive.

Ce manque de confiance, qui ralentit les réformes et immobilise l’économie, viendrait en partie de raisons historiques et institutionnelles, à en croire un troisième enseignant invité par les Jéco, Olivier Klein, professeur d’économie finance à HEC et directeur général de la BRED Banque Populaire : « L’Etat est centralisateur, puissant, et se pose en intermédiaire des relations de chacun avec la société. Au lieu de se sentir responsable vis-à-vis de la collectivité, on en revient toujours à l’Etat. Cela crée un climat anxiogène permanent et donne l’impression de groupes d’intérêt corporatistes qui se défendent. Ce qui provoque la défiance ». Un véritable cercle vicieux.

Créer de la mobilité

Quelles solutions pour sortir de ces écueils et pour retrouver la confiance ? Philippe Aghion parie sur un changement de l’enseignement secondaire français : « Il faut créer de la mobilité, une véritable égalité des chances, rapprocher les grandes écoles et les universités. Pour que chacun ait droit à une deuxième chance. Dans ce sens, le projet Pécresse des universités d’excellence était une très bonne idée. Le gouvernement a voulu réduire ce dispositif pour empêcher la création d’inégalités, mais c’est justement l’inverse qui s’est produit ! »

De nombreuses autres idées sont abordées au fil de la soirée. Le mérite, l’équité, les hommes et femmes politiques, l’injustice, la délégation, l’allègement des charges, la modernisation des institutions, les efforts. Toujours pour en revenir au même point : retrouver, d’une façon ou d’une autre, la confiance perdue.

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