« In god we trust »: une devise à la résonance économique?

Religion et économie, deux concepts a priori bien lointains. Finalement pas tant que ça ! Voilà ce qui ressort de la conférence sur le thème « La religion : un phénomène économique ? », organisée lors de cette dernière journée des JECO 2013.

« Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas ». Visiblement, André Malraux a été entendu par les organisateurs des JECO 2013 avec cette conférence sur les rapports entre religion et économie. « Depuis 20 ans, l’économie s’intéresse de nouveau à la religion », fait remarquer d’entrée de jeu Paul Seabright, professeur de sciences économiques à l’Ecole d’économie de Toulouse, invité à la table ronde. Et la salle pleine du Palais de la Mutualité, en ce samedi matin, prouve l’intérêt que porte le public à cette question.

Mais économie et religion entretiennent un « lien ambigü » comme l’a souligné Nathalie Luca, anthropologue et directrice de recherche au CNRS. « J’ai intitulé mon intervention « la religion au secours de la réussite économique », mais peut-être aurais-je pu inverser cette proposition », explique-t-elle. Est-ce la religion qui influence la croissance ou l’inverse ? Difficile donc de trancher.

L’exemple africain

Les quatre chercheurs présents ont tout de même tenté de fournir des réponses à ces interrogations à travers des exemples historiquement et géographiquement variés. Après Haïti et la Corée du Sud, le cas de l’Afrique est évoqué par Vincent Somville, économiste et chercheur au Chr. Michelsens Institutt (Norvège). « En Afrique la réussite économique est souvent expliquée par la sorcellerie », explique-t-il. Et il poursuit sa démonstration : « Au Bénin près de la moitié des ménages dépensent de l’argent pour se protéger des vaudous ». Des dépenses qui représentent en moyenne 6 % des budgets de ces ménages très pauvres.

En fin de discussion, le cas de la France, pays laïc par excellence, est abordé. Et les problématiques y sont bien différentes. Pour Nathalie Luca, « dans les pays laïcs, tous les liens entre le religieux et d’autres domaines sont mal considérés. Les religions doivent alors s’adapter ». Après une heure et demi de débat, Sophie Gherardi, modératrice, est forcée de conclure. « Peut-être que les JECO devront revenir l’année prochaine sur des thèmes connexes parce qu’on est loin très loin d’avoir épuisé tous les champs de discussion ». Bref, la messe est loin d'être dite...

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