Gaz de schiste : « On se dit rendez-vous dans 10 ans ! »

Le 11 octobre dernier, le Conseil Constitutionnel a validé la loi du 13 juillet 2011 qui interdit en France l’usage de la fracturation hydraulique pour explorer et exploiter le pétrole et le gaz de schiste. Les économistes ont tous un avis différent sur la question, mais un consensus a été établi aujourd'hui aux Jéco : dans l’immédiat, mieux vaut...ne rien faire.

Il est urgent d'attendre. Les économistes réunis autour de la question du gaz de schiste aujourd’hui ne sont d’accord que sur ce point. A l'heure actuelle, pour reprendre l’expression de Benjamin Dessus, ingénieur-économiste et président de l’association Global France, il est « trop dangereux » de se lancer dans cette aventure. Et ce pour des raisons écologiques, mais aussi économiques : pour Dominique Chauvin, prospectiviste, « on est dans l’incertitude absolue » quant à la quantité de gaz de schiste « récupérable ». En interdisant, « la France, cette fois-ci, a eu raison contre tous », a assuré Thomas Porcher, économiste à l’ESG-MS.

Les difficultés d’ordre environnementales sont désormais connues : la fracturation hydraulique ne fait pas l’unanimité, et les fuites éventuelles de gaz menacent la couche d’ozone. Car, comme l’a rappelé Benjamin Dessus, chiffres du GIEC à l’appui, «le méthane représente un tiers du problème total des gaz à effet de serre.»

Priorité à la transition énergétique

Au-delà des problématiques écologiques, Patrice Geoffron, directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières, a souligné qu’en aucun cas le gaz de schiste n’était « une solution à la récession ». « Ce qui se joue ici, ce n’est pas le retournement de la conjoncture ou de la courbe du chômage », a-t-il poursuivi. C’est surtout l’occasion « d’avancer dans la transition énergétique ». Thomas Porcher a renchéri : « L'avenir, c'est cette transition, et il y un chantier qui n’a pas encore été exploité, l’efficacité énergétique. »

Pour Patrice Geoffron, également professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine, « il n’y a pas de contradiction entre l’exploitation de cette ressource et la transition énergétique, à condition d’être inventif. » Et, qui sait, « les techniques d’ici 2020 permettront peut-être d’éviter les fuites. » « On pourra alors considérer l’exploitation du gaz de schiste », a-t-il supposé. Rendez-vous dans 10 ans.

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