Le PIB, l'outil dépassé de nos économies

Les technologies d’Internet, les imprimantes 3D et l’économie de partage bouleversent notre vie quotidienne et nos économies. Problème : ces évolutions majeures ne sont pas prises en compte dans le calcul du PIB (produit intérieur brut).

« Notre capacité à inventer est au moins mille fois plus grande qu’il y a dix ans, avec un PIB par tête équivalent. » Pour Clara Gaymard, vice-présidente de General Electric International, les gains de productivité opérés grâce aux nouvelles technologies sont oubliés dans le calcul de la croissance. « Nous fabriquons aujourd’hui des produits extrêmement sophistiqués, mais vendus moins cher, ce qui contribue donc au déclin du PIB de notre pays. » Elle va plus loin et parle de nouveau modèle, de révolution industrielle.

L’Internet des objets, la robotique, l’imprimante 3D vont permettre aux particuliers de produire eux-mêmes leurs propres objets ménagers. Internet offre déjà de nombreux services qui n’existaient pas auparavant. « Mais la possibilité de ne pas faire la queue à un guichet pour prendre son billet, est ignorée des comptables nationaux », ajoute Patrick Artus, directeur de la recherche et des études de Natixis. L’amélioration de l’efficacité des services n’est donc pas intégrée dans le calcul du PIB. De même que toute l’économie non marchande, en pleine essor, qui repose essentiellement sur une économie de partage et s’illustre à travers le troc, mais aussi les échanges de données sur Internet.

L’incertitude, maître-mot d’une nouvelle économie

L’économie d’échanges de services et de la gratuité s’apparente à une forme d’économie souterraine, selon Patrick Artus. On peut difficilement mesurer son importance et son impact sur l’économie « traditionnelle » et la croissance. Elle produit une richesse qui n’est pas mobilisable, ni réutilisable. « Cela pose un problème de taxation, assure Jean Pisani-Ferry, commissaire général au Commissariat général à la stratégie et à la prospective. Il n’y a pas de taxe sur la valeur ajoutée des nouveaux services, ce qui crée une énorme incertitude quant au potentiel de notre économie. »

L’incertitude, Clara Gaymard est convaincue qu’ « il faut vivre avec. C’est notre modèle économique qui est en panne, pas notre croissance. Nous avons aujourd’hui une société protectrice du risque, alors qu’elle devrait donner sa chance au risque. »

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''Thomas Chenel - Etudiant IPJ-Paris Dauphine

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