«Les données personnelles sont le pétrole du numérique»

Faut-il continuer à sacraliser les données personnelles alors qu’elles sont de belles opportunités économiques ? C’était l’objet de la conférence « Internet : jusqu’où protéger les données privées ? » organisée par l'Ajef (Association des Journalistes économiques et financiers), qui s’est tenue jeudi au lycée Saint-Marc.

« Le débat porte sur l’arbitrage entre protection des données personnelles et innovation, » résume Patrick Waelbroeck, maître de conférences à Télécom ParisTech. Deux approches s’opposent : « Certains disent que les données personnelles sont le pétrole du numérique », explique-t-il. « Dans cette vision, il faut tout faire pour les rendre disponibles ». Hors de question pour Sophie Vulliet Tavernier, directrice des relations avec les publics et la recherche à la CNIL : « En Europe, la protection des données personnelles est un droit fondamental. On ne peut pas collecter de façon déloyale les données des individus. Ce doit être fait de manière transparente. »

Ce débat oppose aussi une vision anglo-saxonne, peu favorable aux régulations des pouvoirs publics, à un modèle européen plus protecteur. C’est d’ailleurs l’un des points de désaccord entre les Etats-Unis et l’Union Européenne dans la négociation du Traité Transatlantique, souligne Patrick Waelbroeck : « les Américains veulent détacher la protection données personnelles » des droits des consommateurs.

Mais en France, certains souscrivent à cette vision libérale, comme l’entrepreneur François Bourdoncle, qui fustige le « tropisme assez français de regarder les problèmes avant les côtés positifs. » Le journaliste au Monde Phillipe Escande illustre ces côtés positifs avec l’exemple de Google, dont « le projet n’est pas 100% machiavélique ». « Toutes les données sont aussi utilisées pour améliorer l’efficacité de l’outil de recherche. La qualité de l’algorythme est due à leur exploitation. En échange, l’utilisateur a accès gratuitement à un outil assez stupéfiant par son efficacité. »

La solution serait-elle de faire payer les consommateurs pour ces services plutôt que de se rémunérer en exploitant leurs données ? Patrick Waelbroeck y croît : « Le modèle de l’abonnement, qui se développe par exemple avec Spotify ou Netflix, va régler une partie de ces problèmes. Les données personnelles continueront d’être centralisées par les entreprises, mais elles ne seront plus vendues à des tiers. »

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