Les entreprises du troisième type défient le capitalisme avec succès

ESS, économie collaborative, circuits courts, crowdeconomie... Autant de termes parfois un peu flous abordés jeudi aux Jéco sous l'appellation d'entreprises du 3e type. Ou comment pratiquer une économie différente replaçant le consommateur au centre du système. Ce modèle en vogue, loin d'être marginal, a de beaux jours devant lui.

« Les taux de croissance que l'on observe en matière d'entreprises de 3e type ne peuvent pas nous laisser penser que cette économie est marginale ». Autour de la table ronde, Stéphanie Paix, présidente du directoire de la Caisse d'Epargne Rhône-Alpes, parle d'ESS comme d'un modèle en plein développement.

Les consommateurs jouent le jeu

Les entreprises du 3e type fleurissent, poussées par une demande croissante. « Aujourd'hui, 6 à 7% des achats alimentaires français se font déjà par circuit court », ajoute Stéphanie Paix à titre d'exemple. A sa gauche, Martin de Douhet, agriculteur responsable de la Ferme des Routes, abonde dans son sens. Cette année, le coopérateur drômois et ses deux associés peuvent se payer 800 euros par mois. Une première depuis la création de leur entreprise il y a cinq ans.

Les acteurs des entreprises de 3e type ont bien compris que leur modèle économique, dont le but n'est pas tant le profit que la création de valeur, a un avenir. Christophe Chevalier, PDG du groupe Archer, affirme que le taux de survie d'une entreprise issue de l'ESS est supérieur de 15 à 20 points à celui d'une société issue de l'économie conventionnelle.

Un modèle pensé pour les générations futures

Aussi, tout l'enjeu pour ces entreprises sociales et solidaires est de se pérenniser afin que les générations futures en profitent. C'est la démarche de la Ferme des Routes. « En agriculture, la transmission des fermes devient difficile. Elles s'agrandissent et les jeunes paysans n'ont pas les moyens de les acheter », souligne Martin de Douhet. Aussi, l'agriculteur a pris la décision de ne pas étendre sa ferme sur plus de 50 hectares.

La notion d'entreprise du 3e type est très large et englobe des acteurs au statut très différent. Il est donc difficile d'affirmer avec certitude que ce modèle émergent est l'alternative de demain au système capitaliste actuel. Mais le philosophe Patrick Viveret, interrogé par le journaliste du Monde Antoine Reverchon, a dressé un parallèle historique significatif : « Pendant la seconde moitié du 19e siècle, les mutuelles étaient considérées comme marginales et utopiques. Or elles ont réussi leur pari et ont aujourd'hui une importance considérable. Des formes d'organisation économique différentes peuvent donc réussir. »

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