Trois questions à Daniel Mirza

Professeur de sciences économiques à l'université de Tours, Daniel Mirza est un des rares chercheurs à s'intéresser à l'impact économique des attentats terroristes sur les territoires visés.

En quoi est-ce important d'analyser les conséquences sur l'économie des attaques terroristes ?

Simplement car l'impact de ces attentats n'est pas négligeable. En 2014, nous avons recensé dans le monde plus de 17 000 incidents terroristes et un total de 70 000 victimes, morts ou blessés. Ces chiffres atteignent des records depuis quelques années. Les pays en voie de développement en particulier sont très affectés. C’est important d’avoir une idée de ce que cela représente concrètement afin de pouvoir réfléchir ensuite aux moyens d’éviter ces attentats. Il faut faire savoir aux gouvernements des territoires attaqués que des solutions existent pour combattre ces groupes terroristes, leur couper les vivres…

Quels sont les pays les plus touchés ?

Evidemment, les pays du Moyen-Orient. On pense tout de suite à la Syrie. Mais c’est aussi vrai pour des voisins comme la Jordanie ou le Yémen qui sont très fragilisés par les organisations terroristes locales (Daesh, Al-Qaïda au Yémen…). Ils ont du mal à s’en sortir. C’est aussi le cas de l’Egypte même si c’est moins visible. Le retour du chef de l’armée à la tête de l’Etat donne l’impression d’une pseudo-stabilisation mais si on regarde de plus près ce n’est pas évident.

Quels sont les dégâts sur les économies ?

Le problème de ces pays est leur trop grande spécialisation. Ils misent une très grande partie de leur économie sur un seul secteur : pétrole, commerce portuaire, tourisme… Quand ils sont attaqués, les dégâts et la défiance des partenaires se concentrent sur cet unique secteur. Et c’est toute l’économie qui en pâtit. Ils n’ont pas de capacité de résilience.

La solution pour ces Etats est de consolider leurs institutions et de se diversifier. Le cas de la Tunisie est parlant : le pays a tout misé sur le tourisme et subit de plein fouet les craintes des étrangers après les récents attentats. C’est dommage car les tunisiens sont éduqués, ils pourraient développer d’autres secteurs comme la création de logiciels. C’est notre responsabilité de les encourager et de leur en donner les moyens.
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Propos recueillis par Clément Lesaffre

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