La Chine se tourne vers les produits à haute valeur ajoutée

A l’occasion de la conférence « Le devenir du «Made in Monde », Sandra Poncet, professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre du CEPII analyse la nouvelle stratégie de la Chine dans le commerce mondial.

La Chine est-elle toujours l’atelier du Monde ?

Elle reste le principal pays engagé dans le commerce mondial. 17% des produits manufacturés échangés dans le monde sont d’origine chinoise. C’est effectivement l’archétype de l’atelier du monde.

Pourquoi se réoriente-t-elle vers sa demande interne ?

Actuellement les autorités mènent une politique de redéploiement à l’intérieur du pays pour essayer de réduire sa vulnérabilité aux échanges. La crise de 2008 a montré qu’une trop grande partie des exportations chinoises était des produits fabriqués par des entreprises étrangères. Elles assemblaient sur le territoire des composant importés.

Pourquoi le gouvernement mène-t-il une politique de hausse des salaires ?

Pour devenir l’atelier du monde, Pékin a fixé artificiellement des prix. Par exemple, le prix du travail était maintenu volontairement bas. Il n’y avait pas assez de rémunération, les employés étaient des travailleurs pauvres. Aujourd’hui, les autorités veulent se départir de ce modèle à bas coût pour essayer de produire des objets haut de gamme, qui permettront au pays de s’enrichir. Ça ne sert à rien de produire en restant pauvre. De toute façon, il y avait structurellement un processus démographique qui faisait que les salaires allaient croître. Ils ont renforcé cette dynamique en obligeant les entreprises à augmenter les salaires pour les forcer à innover, afin que ce ne soit pas juste de l’assemblage qui puisse être à tout moment relocalisé au Laos, en Birmanie...

Propos recueillis par Alban de Montigny

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