L'avenir du dollar sous Donald Trump

Au lendemain de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, les trois intervenants de la conférence « Quand la monnaie fait société » ont tenté d’envisager les conséquences de ce bouleversement politique sur l’économie et sur le système monétaire international.

« Le président ne peut pas infléchir à lui tout seul la politique monétaire des Etats-Unis »: c’est par ces mots que François Velde, membre de la Banque de la Réserve Fédérale de Chicago, a tenté de rassurer la salle comble, encore étourdie par le résultat de la nuit. « D’autant que le système politique américain est complexe : c’est un système de check and balance qui demande des négociations difficiles » a-t-il ajouté. Ces négociations risquent cependant d'être tendues, tant Donald Trump avait critiqué Janet Yellen, la présidente de la FED, en l’accusant de maintenir des taux bas, pour tromper les électeurs sur la santé de l’économie américaine.

Michel Aglietta, de son côté, n’a pas voulu se lancer dans des prévisions « boule de cristal », mais l'économiste a tout de même émis l’hypothèse « d’une interruption du cycle de hausse du dollar » et d’un « risque de volatilité accrue » de la monnaie américaine sur le marché des actions.

"Nous sommes à la fin d’un processus de globalisation expansive"

Il en a aussi profité pour livrer son explication de l’élection du 45e président des Etats-Unis : « Depuis la crise de 2008, nous n’avons pas renoué avec la croissance. Nous sommes désormais à la fin d’un processus de globalisation expansive : le commerce international régresse en termes relatifs depuis 2011. Cela provoque une fragmentation des sociétés occidentales dont l’élection de Donald Trump est un symptôme. Lorsqu’il dit “les emplois doivent revenir aux Etats-Unis’’, il trouve un écho. » De son côté, André Orléan a insisté sur le fait que ce repli protectionniste devrait s’accompagner de l’amoindrissement de la globalisation financière, « sous la houlette des états ».

Enfin, les intervenants ont souligné qu’aucune nouvelle puissance ne souhaite contester l’hégémonie monétaire du dollar. Selon Michel Agllietta, la Chine, par exemple « a une logique opposée à Wall Street : elle base sa croissance sur des banques publiques de développement. Concernant le yuan, c’est une monnaie qui va se développer, mais qui n’a pas vocation à devenir une devise-clé, comme le dollar. »

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