Big data is watching you

 

La plupart des études statistiques officielles se basent aujourd’hui sur des données collectées et fournies par les administrations des Etats. Mais l’avènement du big data offre de nouvelles perspectives pour les statisticiens. 

Google, Facebook ou Waze collaboreront-ils bientôt avec l’INSEE ? C’est l’une des interrogations qui a émergé lors de la conférence « Une économie qu’on mesure de moins en moins » ce mercredi à la Bourse du travail.

Déceler une épidémie grâce aux données

Les instituts statistiques comme l’INSEE basent aujourd’hui leurs études sur les données fournies par les ministères ou sur leur propre production de données. Dans le même temps, les plates-formes du numérique collectent une masse de données gigantesques sur les usages de leurs utilisateurs. Pour plusieurs intervenants, une partie de ces informations pourrait être bien utile à l’élaboration d’indicateurs économiques. « On a même pu déceler une épidémie grâce aux données de Google », s’enthousiasme le modérateur Jean-Marc Vittori, journaliste chroniqueur aux Echos.

Mais ces données privées ne sont pas, à l’heure actuelle, captées par la puissance publique. Lionel Janin, directeur adjoint au numérique à France Stratégie, explique que certains statisticiens ont imaginé un modèle de plate-forme publique qui collecterait les données de citoyens volontaires, notamment en matière de santé. Mais cette plate-forme n’a pas rencontré le succès escompté. « On utilise Google et Facebook parce qu’il y a un service associé. En l’occurrence, il y aurait un intérêt pour le pilotage public, mais il est difficile à retrouver sur Internet », explique l’économiste.

Le respect de la vie privée en question

Pour ce qui est du partenariat avec les plates-formes numériques, la directrice des statistiques de l’OCDE Martine Durand, pose quelques réserves : « Les opérateurs doivent y voir un intérêt. Ils sont déjà assis sur une mine d’or et n’ont pas de raison de partager leurs données. Certains souhaitent participer à l’avancée du bien commun mais ce n’est pas une obligation pour eux ».

Martine Durand pointe également le côté éphémère des données privées. Associées à un profil Facebook, elles peuvent en effet disparaître du jour au lendemain, ce qui peut être contraignant pour des statistiques à long terme.

Enfin, la question du respect de la vie privée est abordée. Jusqu’où peut-on envisager de s'introduire dans la vie de chacun pour des indicateurs économiques. Et surtout, quelles garanties de protection peuvent apporter les instituts d’études économiques. Sur cette question, la statisticienne évoque la possibilité de passer par un organisme intermédiaire qui traiterait et rendrait les données anonymes. 

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