De l'info...ou de l'intox ?

Les exemples de radicalisation éclair sur Internet en sont la preuve. Les jeunes générations, noyées sous la quantité d’informations qui leur parvient via Internet et les réseaux sociaux, ne parviennent pas toujours à effectuer un tri. Les intervenants de la conférence "Information : démêler le vrai du faux" ont débattu sur la responsabilité de l’école et des journalistes autour de cette question.

"Le rôle de l’Education nationale est d’agir sur la prévention et le développement de l’esprit critique des jeunes générations." La ministre Najat Vallaud Belkacem, était aux Jéco ce jeudi 10 novembre, pour insister sur le rôle de l’école dans la sensibilisation des jeunes à la véracité de l’information.

Des initiatives de médias à l'école

"Les élèves ne savent pas faire la différence entre un fait, une opinion et une rumeur. La viralité devient plus importante que la vérité", constate Ronan Cherel professeur d’histoire-géographie et historien des médias. A la suite des attentats de Charlie Hebdo, il a créé la revue Mediasparks avec ses élèves du collège Rosa-Parks à Rennes. Le magazine, en lien avec les programmes scolaires, mène une réflexion de fond sur des thèmes d’actualité relayés par les médias traditionnels. Il bénéficie d’une diffusion-papier locale mais également d’une diffusion numérique .

Après les attentats de janvier 2015, des incidents ont été signalés dans des établissements scolaires à propos de la minute de silence et de la mobilisation "Je suis Charlie". Le ministère de l’Education nationale a donc mis en place des dispositifs pour apprendre aux jeunes Français à développer un esprit critique. Il existe désormais des heures d’enseignement moral et civique: "Ce sont des moments, encadrés par des enseignants, pour débattre de l’actualité et de ce que les élèves ont pu lire sur Internet". Un enseignement aux médias et à l’information apprend aux jeunes à bien se servir du web pour rechercher des informations et à protéger les données. Les enseignants sont également encouragés, à l’image de Ronan Cherel, à créer des médias scolaires. "Il n’y a rien de mieux que de faire faire leur propre média aux élèves", assure Najat Vallaud-Belkacem. Le nombre de ce type de projets aurait d’ailleurs doublé depuis 2015. Enfin, depuis cette année, les collégiens et lycéens ont accès chaque jour à quinze titres de presse en version numérique dans leur établissement. Des modules de formation des professeurs ont par ailleurs été instaurés pour leur permettre de gérer ces ateliers et des situations parfois délicates.

Journalisme "low cost"

Les intervenants s'accordent sur la responsabilité médiatique pour garantir une véracité de l'information."Un journaliste doit recouper trois sources avant de diffuser une information", rappelle Emmanuel Cugny, modérateur du débat, chroniqueur éditorialiste économique à France Info et membre du bureau de l'Association des journalistes économiques et financiers (AJEF). Si Frédéric Garlan, directeur du bureau régional de l'AFP à Lyon confirme, il rétorque cependant: "une information de qualité coûte cher. Auparavant, les journalistes allaient sur le terrain et prenaient le temps de vérifier les informations. Il faut ramener des journalistes de qualité sur le terrain". Notre confrère dénonce le journalisme web :"le risque de ne pas aller sur le terrain, c’est de ne s’informer que par les réseaux sociaux. Il y a vingt ans, le journalisme était un métier d’excellence. Aujourd’hui on fait du 'low cost''' affirme Frédéric Garlan, qui ne mâche pas ses mots.

Pourtant, de plus en plus de citoyens ne s'informent plus que via le numérique. Le journalisme web est d'ailleurs un indéniable moyen de toucher et d'informer de nouveaux publics. De plus, Internet permet aujourd'hui l'accès à des bases de données considérables qu'épluchent des journalistes d'investigation ou datajournalistes. C'est le cas du Consortium de journalistes d'investigation qui a révélé le scandale des Panama Papers. Erwann Le Pennec, professeur associé au département de mathématiques appliquées de l'Ecole polytechnique met cependant en garde contre " cette mine d'informations, ce nouveau pétrole": "Plus il y a de données, plus il y a une chance de trouver des données pour confirmer sa théorie en faisant abstraction des données prouvant le contraire", explique-t-il.

Bigdata

Enfin, démêler le vrai du faux c’est aussi avoir conscience de la manipulation des géants du web appelés "GAFA" pour Google, Amazon, Facebook et Apple. Ils identifient vos recherches et, à l’aide d’algorithmes, orientent vos prochaines requêtes. Si vous consultez des sites complotistes, vous serez davantage orientés vers ce type de sites par la suite... Il existe cependant des moteurs de recherche, comme Qwant, qui n’individualisent pas les recherches. Qwant permet à des enfants d'effectuer des recherches Internet en toute sécurité.

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