La réforme des rythmes scolaires, symbole des inégalités locales

Proposée par Vincent Peillon (photo), alors ministre de l’Education Nationale (2012-2014), la réforme des rythmes scolaires à l’école primaire a vu le jour en 2013. Décidée au niveau national mais déclinée localement, cette réforme inédite a fait ressortir des inégalités criantes entre les communes.

Améliorer les performances des élèves français à l’école et le bien-être des écoliers du primaire et de la maternelle, tels étaient les objectifs de la réforme des rythmes scolaires instituée par un décret du 26 janvier 2013. Si les objectifs étaient communs pour toutes les communes de France, une marge de manœuvre et des responsabilités importantes ont été laissées aux municipalités. La mesure la plus discutée fut la création de temps d’activités périscolaires. Proposés pour réduire les inégalités entre les enfants, en les gardant à l’école quelques heures de plus par semaine pour effectuer des activités culturelles, sociales ou sportives, ces TAP n’auraient finalement fait qu’accroître les inégalités entre les communes. « Certaines écoles pouvaient proposer des cours d’astronomie ou des initiations à l’apprentissage de langues rares, tandis que d’autres donnaient un ballon aux enfants qui jouaient au foot sous le préau », illustre Etienne Favarque, professeur d’économie à l’université de Lille. La raison de ces disparités entre les activités d’une ville à l’autre ? Les temps d’activités périscolaires sont à la charge exclusive des communes. « Certaines communes très endettées n’avaient pas les moyens de financer des animateurs de qualité », détaille Etienne Favarque.

Décentralisation dans un Etat centralisé

Dans un Etat centralisé comme la France, cette réforme des rythmes scolaires avait un caractère inédit. Pourquoi avoir voulu une décentralisation aussi poussée ? « Quand on décentralise, on se rapproche des agents qui vont être touchées par cette politique et donc ça permet de mieux s’adapter », assure encore Etienne Favarque. Une adaptation qui ressemble en fait à un accroissement des inégalités. L’autre mesure phare de cette réforme résidait dans le passage à la semaine de 4,5 jours, les écoles devant choisir entre le mercredi et le samedi pour la demi-journée supplémentaire. Près de trois ans après la mise en place de la réforme, un rapport a dressé un bilan mitigé. Par exemple, quand la demi-journée supplémentaire est fixée le samedi, l’absentéisme des écoliers est plus important qu’avant : dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Val-de-Marne et de La Réunion, 50 % des effectifs peuvent manquer à l’appel en maternelle ; 20 % en cours élémentaire. Cette réforme très critiquée lors de sa mise en place, avait été boycottée par un certain nombre de maires, et avait coûté sa place au ministre Vincent Peillon.

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