"Saviez-vous que 40 % des pneus vendus en Chine venaient de chez Michelin?" lance Dominique Foucard à l'assemblée. En trente-neuf ans de carrière dans le groupe tricolore, le directeur de la performance système connaît ses dossiers. Mais il reconnait la casse sociale : "Je me souviens que sur le plus gros site Michelin de France, ils étaient 5.000 salariés. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 1.500."
L'automatisation ou robotisation ne tuera pas l'emploi
Pourtant, selon Dominique Foucard : "Non, le robot ne tuera pas l'emploi, il l'a modifié et le travail est réorganisé. Des emplois vont disparaître mais d'autres vont se créer ou s'adapter." Le cadre supérieur se refuse à croire aux usines fantômes, pour lui, il n'y aura tout simplement "moins de travailleurs, mais il y en aura toujours, et ceux-là seront plus autonomes". Dit autrement, le salarié dans l'usine du futur sera polyvalent donc ultra qualifié. Il ajoute : "le robot, c'est du passé, aujourd'hui on parle de digitalisation et de dé-taylorisation."
Chez Michelin, un incontestable coût social
Détayloriser selon Dominique Foucard, c'est rendre son autonomie au salarié de l'industrie ! Et cela passe par des formations ou du management d'entreprise. Quant à la digitalisation...ou transformation numérique, elle est inévitable, y compris (et surtout ?) chez Michelin, pour rester N°2 mondial du pneumatique. Des évolutions qui, chiffres à l'appui, ont un coût social : 11.000 personnes travaillent actuellement sur les sites du siège historique de l'entreprise, à Clermont-Ferrand. En 1982, on en totalisait 28.000 ! Et en 34 ans, ce sont les "cols bleus", les "ouvriers Michelin historiques" qui ont le plus souffert de la réduction des effectifs.