A quelles questions théoriques les Banques Centrales doivent-elles répondre ?

L’expérience de politique monétaire très expansionniste depuis 2008 dans les pays de l’OCDE, et les trajectoires économiques des pays de l’OCDE, conduisent à s’interroger sur les fondements théoriques des politiques monétaires. Quelles sont les questions posées ?

* y a-t-il encore un arbitrage entre inflation et chômage à court terme (y a-t-il encore une courbe de Phillips) ? Si la réponse est négative, le fondement de la politique monétaire contracyclique de court terme disparaît ;

* par quoi est déterminée l’inflation à long terme ? On ne voit plus de lien à long terme entre croissance de l’offre de monnaie et inflation ; que doivent alors faire les Banques Centrales pour modifier les anticipations d’inflation à long terme ? Faut-il croire au néo-fisherisme (c’est le taux d’intérêt nominal qui détermine l’inflation) ?

* les effets favorables attendus des politiques monétaires (soutien de l’activité réelle par le canal du crédit, la dépréciation du change, les effets de richesse, le canal du risque) ne sont-ils pas devenus faibles ? Si c’est le cas :
- la politique monétaire étant peu efficace, il faudrait en théorie l’utiliser peu ;
- ces effets favorables peuvent être dominés par des effets défavorables de nature microéconomique (écrasement des primes de risque, mauvaise allocation de l’épargne, effets de revenu sur les épargnants) ou par les effets défavorables des taux d’intérêt très bas sur les intermédiaires financiers ;

* les politiques monétaires très expansionnistes ne révèlent-elles pas en réalité la « fiscal dominance » : la nécessité pour les Banques Centrales d’assurer la solvabilité budgétaire ? Les Banques Centrales ne créent-elles pas alors de forts aléas de moralité vis-à-vis des Etats, une forte irréversibilité des politiques monétaires expansionnistes ?

* les innovations technologiques, le digital... ne vont-ils pas faire apparaître une situation chronique de baisse des prix ? Il s’agirait d’un choc d’offre positif et non d’un choc de demande négatif : les Banques Centrales devraient-elles réagir par des politiques monétaires très expansionnistes ? Ne vaudrait-il pas mieux faire disparaître les rigidités nominales (sur les taux d’intérêt, les salaires nominaux) ?

* quels sont les effets redistributifs, les effets sur les inégalités des politiques monétaires très expansionnistes ?



Consulter le document de Patrick Artus


Un document proposé pour la conférence : A quoi servent les banques centrales sans inflation ? (Vidéo disponible)

Les mots clés